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De nouveau invité aux Rencontres musicales de Vézelay, mais cette fois en tant qu’ensemble associé à la Cité de la Voix, l’ensemble Les Métaboles interprètera un programme hors norme.
Léo Warynski, directeur artistique de l’ensemble, nous livre en quelques mots les particularités de ce concert très attendu…

Ce ne sera pas le premier concert des Métaboles aux Rencontres musicales de Vézelay mais ce sera le premier en tant qu’ensemble associé à la Cité de la Voix. Aura-t-il une saveur particulière pour vous ? 

« Je dirais que tout concert à Vézelay a une saveur particulière. Les Rencontres musicales de Vézelay sont un temps fort à la fois pour la vie musicale à Vézelay, en Bourgogne, mais aussi au niveau national et pour l’art vocal en particulier. Dès Mysterious nativity, notre premier concert donné aux Rencontres, nous avons vécu un moment très spécial. J’ai eu la chance de donner beaucoup de concerts avec Les Métaboles mais je crois que celui-ci est un des rares concerts dont je me souviens de la première à la dernière seconde, tant il m’a marqué, à la fois par la qualité de l’écoute du public et la réception très chaleureuse de ce programme qui intriguait pourtant au début… Ensuite, quand nous sommes revenus pour Singing Ravel et qu’on a créé ce Boléro, c’était la première fois qu’on interprétait ce projet complètement fou, ça a aussi une saveur particulière.  

Pour ce nouveau concert en tant qu’ensemble associé, il y aura la fierté immense d’être là, sur scène, en pensant à tous les grands chœurs qui nous ont précédés. Ce concert aura une saveur particulière parce que ce sera à nouveau une première fois : la première où je réunis un effectif aussi nombreux (48 chanteurs) ! Une création de Francesco Filidei qui est composée pour double chœur de six. C’est donc un répertoire qui requiert un effectif important et c’est la première fois que nous allons pouvoir donner un projet de ce type avec Les Métaboles. 

Les pièces choisies pour le programme ont toutes une dimension quasi orchestrale. Quelles sont les difficultés d’un tel répertoire ? 

Toutes les pièces sont écrites pour chœur a cappella, donc il n’y a pas d’autre repère que l’intonation des chanteurs. La difficulté vient aussi du fait qu’on a beaucoup de langues à aborder, notamment le russe car le concerto pour chœur est composé sur un long poème russe.  

Par ailleurs, la musique russe est à l’image de la langue russe : c’est une musique qui utilise un très large spectre vocal avec des basses très profondes et des sopranos russes qui ont une grande palette de sons et des aigus très brillants. C’est une tessiture très exigeante pour les chanteurs. Nous sommes très vigilants à recruter des basses profondes qui puissent assurer l’assise du chœur, des sopranes 2 qui puissent avoir un medium bien riche et des sopranes 1 capables d’alléger au maximum et d’aller chercher les notes les plus aiguës sans trop les appuyer. 

Le Concerto pour chœur de Schnittke est une œuvre difficile car toutes les voix sont divisées en quatre (quatre voix de sopranes, altos, ténors, basses) et au sein de ces divisions, il y a des subdivisions. Ça demande une écoute très fine et d’entendre la complexité harmonique des accords. Plus la structure est complexe plus il faut avoir une oreille affutée mais cela relève aussi du travail des chanteurs. Ils ont une conscience très forte de leur place au sein du chœur, de l’intensité qu’ils doivent avoir, de la couleur des voyelles… Ce sont les qualités qu’on attend d’un bon chanteur d’ensemble pour qui, la technique et la virtuosité seules ne suffisent pas.  

Vous dirigerez une création de Francesco Filidei: Tutto in una volta. Quels sont vos liens avec ce compositeur contemporain et quelles sont les spécificités de son écriture vocale ? 

Francesco Filidei est un ami maintenant. Nous nous sommes rencontrés en 2009 au festival d’Aix-en-Provence quand, au pied levé, j’avais dirigé une de ses créations. Très vite nous avons eu une véritable entente à la fois amicale et artistique. C’est un compositeur qui a une sensibilité à la voix qui me touche beaucoup. Francesco est un organiste et pianiste italien pétri de cette culture lyrique qui existe en Italie (il peut jouer La Bohème ou Rigoletto en chantant tous les airs et en s’accompagnant au piano !). La voix irrigue toute sa musique, toujours, et il lui arrive parfois de demander aux orchestres de chanter. 

J’ai eu la chance de diriger son premier opéra – Giordano Bruno – qui a vraiment consacré l’image que j’avais de lui comme l’un des plus grands compositeurs vivants actuels et l’un des plus passionnants, à la fois pour son inventivité, sa profondeur et par la séduction immédiate que provoque sa musique, alors qu’il ne cherche pas à plaire.  

Il a composé Tutto in una volta suite à une commande de la Rai, mais il n’avait pas pu la créer car le confinement lié à la pandémie de Covid-19 est arrivé.  

Il y a eu une création de cette œuvre par le SWR Vokalensemble de Stuttgart mais avec un chœur de chambre (26 chanteurs). Or Francesco s’adresse à une masse chorale plus grande et je souhaitais vraiment le faire avec Les Métaboles. Il affectionne particulièrement l’ensemble dont il aime le côté à la fois très rigoureux et très libre avec une forme de « latinité », « d’italianité » dans la fantaisie et dans l’engagement. Nous avions déjà commandé et créé son Requiem à 16 voix, avec l’Ensemble intercontemporain – Requiem que nous redonnerons en 2025 à la Scala de Milan et à la Philharmonie. » 

Léo Warynski, directeur artistique de l’ensemble vocal Les Métaboles

SYMPHONIE CHORALE

vendredi 25 août 2023 à 21h
Basilique de Vézelay (89)
8€ à 43€ • Réservation conseillée