Bachtrack | Tristan Labouret | 29 août 2022

« Dans tous les motets latins du célèbre organiste et symphoniste, l’interprétation atteint des sommets dont on ne redescendra qu’au moment de la brève pause à mi-concert. L’homogénéité des pupitres, l’équilibre idéal entre les parties (ténors particulièrement intenses, sopranos légères laissant de l’espace aux altos), la justesse du cheminement harmonique, la longueur infinie du souffle témoignent d’une maîtrise vocale à toute épreuve. Mais le chef ne se contente pas de cette matière première parfaite. D’une battue claire et souple, d’un bras autoritaire volontiers tranchant, Kļava sculpte soigneusement les phrasés et pousse l’éloquence du texte jusqu’à une vraie théâtralité, assumant des silences francs entre les phrases, organisant les progressions dynamiques du murmure le plus discret à l’exclamation la plus éclatante : le climax du programme sera ainsi le lumineux « Jesus » de l’Ave Maria, en réponse à l’extinction progressive du Christus factus est sur un « mortem autem crucis » à donner la chair de poule. L’« Alleluia » concluant Os justi vient mettre un terme à la première partie et l’ovation qui s’ensuit est digne d’une fin de concert. »