Première Loge – l’art lyrique dans un fauteuil | Sabine Teulon Lardic | 30 août 2022

« Comment maîtriser le stile antico (style ancien) et le style du second baroque lorsqu’on est contemporain de Haendel et de J.-S. Bach ? C’est ce que démontre l’aisance compositionnelle de D. Scarlatti, dont la carrière européenne se partage entre la péninsule italienne (Cappella Giulia de Rome),  la chapelle royale de Lisbonne puis la cour royale de Madrid. Grâce à sa formation exceptionnelle et à ses postes successifs, Domenico assume tant la sévérité du contrepoint « à la Palestrina » dans la Missa brevis quatuor vocum que l’apothéose du nouveau style dans le Stabat mater à dix voix. L’interprétation déliée du chœur et du continuo dote ce cycle latin, consacré à la Vierge, mère des douleurs, d’une aura sublime. D’autant que les fresques peintes des voutes de l’église Saint Germain séquencent le chemin de croix du Christ. On apprécie les qualités vocales des dix solistes (soprani et ténors en particulier), la lisibilité de leurs entrées au sein d’un tissu polyphonique très dense. Après les soli virtuoses et les madrigalismes du mouvement Inflammatus(Faites que je sois enflammé), la luxuriance de l’Amen conclusif atteint des sommets que seule la Messe en si de Bach a tutoyés. »